Vers le chemin de Labarbe

Aucun lien entre la pilosité du menton qui s’allonge, pas emporté de rasoir par économie de poids, et la destination de ce soir, c’est bien de labarbe qu’il s’agit. On verra à la fin.

Ce matin sortie avant le petit dej pour tester la température au soleil levant, déjà bien levé. Il fait déjà bon et la journée s’annonce belle. Nous avons été reçus superbement dans le gîte de Marie-Laurence, au chemin enchantant, autant pour le site, le dîner, le petit dej et son accueil. Je recommande. Au moment du départ elle nous fait tirer une petite carte ardoise parmi un ensemble. Ce sont des reprises copies de celles apposées par l’alchimiste, un hébergeant pèlerin de Navarrenx. D’ailleurs je serai chez lui le 15 mai. Voici celle que j’ai tirée au hasard, message sympa. J’ai rajouté la photo prise le 30 avril d’une des ardoises de l’Alchimiste rencontrée en chemin. Il pleuvait et je me disais que je la posterai en précisant « le chemin est beau parce que tu le fais… mais quand il pleut c’est pas tip top !! ». J’ai oublié, la voici. Un beau lavoir en excellente conservation trône à la sortie de Manciet, il devait accueillir du monde ! Je me dis que le progrès a du bon tout de même.

Le début de la journée nous emmène pour quelques kilomètres sur une départementale où nous croisons de vieux véhicules type coupés sport. Je pense à ceux vus à Cajarc à l’occasion du passage du Tour de France auto, soit ils remontent vers Paris, soit ils sont allés à Nogaro tourner sur le circuit et repartent. Je n’ai pas la réponse.

Au bout de 2 à 3km on investit enfin un chemin. J’alternerai chemin entres les champs de vignes et en sous bois, sans beaucoup de macadam, c’est bien mieux pour les pieds. Du coup j’en profite pour faire des photos soit en gros plan soit en trompe l’oeil : sur la première on dirait des graminées en suspension en l’air. Ensuite j’ai voulu capturer les gouttes de rosée, et enfin j’ai retrouvé mon ombre disparue depuis plusieurs jours.

Au détour d’une vigne on aperçoit de nouveau les Pyrénées plein sud. Encore loin. Un papillon n’est pas effarouché par mon approche, je saisis son arrêt sur un brin d’herbe. Les vignes se développent bien, croisons les doigts pour une bonne cuvée 2024. J’arrive à l’église de l’hôpital Ste Christie. Les bordelaises Isabelle, Céline et Krislaine suivent, elles vont chanter un petit air. Si Thierry était là il aurait repris avec elles.

Petit extrait de leur chant :

Après cet intermède reposant je repars, on se croisera à nouveau vers l’heure du repas et à l’arrivée au gîte avec les bordelaises. A 5 ou 6 km de Nogaro sur un point de vue j’entends déjà les bruits de moteur provenant du circuit proche de la ville : des motos, cela se confirmera en m’approchant.

Avant d’arriver à Nogaro, où je m’approvisionnerai pour le déjeuner, je surprend la danse de deux papillons qui ne s’occupent pas de moi, je fais de mon mieux pour les capter en vol avec le smartphone. Je n’ai pas fais aussi bien que l’abeille hier mais c’est pas mal.

Nogaro est en vue, je vois même le circuit à côté, je devine les profils des motos qui tournent. Je les entendrai jusqu’à la sortie de la ville et après … pour habiter là il doit falloir aimer cela …

Après un bon double expresso vers 11h en ville accompagné d’un Perrier rondelle (qu’est ce que c’est bon !!! Un bonheur simple) et doté de mon sandwich poulet tomates laitue mayo je me mets en quête d’un point de chute pour déjeuner tranquille après la ville. Je jette mon dévolu sur un carré de grandes herbes en bord de vignes près du sous bois. Repos bien agréable et vu sur le ciel bien bleu.

Je repars vers 13h, le gîte ouvre à 15h il reste 6 ou 7km … impeccable ! Et les chemins boueux se rappellent au souvenir du pèlerin. La chaleur aidant la boue est un peu moins amoureuse que les jours précédents. Néanmoins la boue tend toujours à épouser amoureusement les pieds, elle s’y colle encore sans insister. Un peu comme un baiser tendre sur les lèvres, mais sans la langue. Amoureux mais pas baveux … vous voyez l’image. Néanmoins une dernière parcelle à décider de nous faire revenir à l’âge ado et pour le coup c’est plutôt baveux et je suis en désamour avec la gadoue. Dernier effort et retour au milieu des champs, des boutons d’or.

A 14h30 pratiquement j’entre dans le chemin de Labarbe, celui dont je parlais au début. Bientôt l’arrivée au gîte éponyme. Un accueil est proposé aussi aux pèlerins de passage, eau fraiche, boissons froides et chaudes sont proposées en libre service contre donativo. On approche des landes, maison de forme large, colombages, et un grand terrain d’herbe fraichement coupée. Ce soir nous dineront dehors sous une tonnelle. Je vois passer les amies bordelaises, Sandrine et Laurence au même gîte hier, et Astrid et Jean-François. Je retrouverai un peu plus tard dans le gîte Rodrigo croisé à St Come d’Olt, le 18 avril. On discutera à table de nos parcours.

Maintenant c’est détente.

4 semaines et un jour

Ce matin je démarre la cinquième semaine de cette marche vers St Jean-Pied-de-Port. 550 km parcourus, il en reste environ 220km, j’y serai le 18 mai. En 2023 je m’étais arrêté au 28 eme jour et 500km, davantage par perte de motivation aussi car la voie de Tours est peu fréquentée : 10 pèlerins en un mois avec qui échanger c’est peu. Alors que ma liste actuelle des personnes croisées et re croisées ne cesse de s’allonger. Encore 10 jours de randonnées, à profiter de ce moment un peu particulier, et aussi envie d’être rentré bientôt, retrouver ceux qui me sont chers, les amis, mes loisirs, bref la maison, le bercail.

En attendant, ce matin départ du Mille Bornes (point d’où il resterait 1000km vers Santiago). Hier soir après une dernière pluie bien dense le soleil nous a gratifié d’un coucher un peu timide derrière les nuages. Je l’ai capturé ainsi que cette fleur devant le gîte. Ce matin à 7h (et oui un jour férié aussi le pèlerin se lève tôt) j’ai repris en photo le paysage et la fleur.

Et puis il fut temps de mettre les voiles vers 8h15 comme d’habitude. Jean-François et Astrid partent aussi, Karine, Sophie et Didier … un chapelet de marcheurs. Une petite chapelle est au pied du gîte, on y a trouvé deux pèlerins y ayant passé la nuit, ils ont dû se geler, c’est froid. Pour rejoindre Manciet dans la journée je passerai d’abord par Éauze. Ce nom de ville m’est familier car je me souviens avoir regardé des vidéos de rencontres de grands planeurs RC (radio commandés), alors que je débutait ce loisir il y a 20 ans.

Entre le gîte et Éauze une voie verte est aménagée, avec une bordure aménagée pour ne pas marcher sur le bitume. 6km ainsi, suis un couvert boisé, il fait bon, déjà en tee-shirt en prévision de la journée qui sera ensoleillée et chaude. Tant mieux enfin !!! Je vous passe la collection de limaces que j’aurai pu prendre en photos, il y en avait partout au point de faire attention de ne pas les écraser en marchant. Preuve que le temps a été très très humide. Et finalement en quittant cette voie le soleil perce enfin vraiment.

Une playlist musicale m’a accompagné partiellement le long de cette voie, voici un extrait pour ma recommandation du jour, une reprise des beach boys.

Arrivé à Éauze passage par la boulangerie pour le sandwich du midi et une chocolatine à déguster avec un bon café. J’ai bien commandé une chocolatine car si j’avais demandé un pain au chocolat je sens bien que dans cette région cela crée une crispation immédiate. Et j’avais faim !!! Les compères Jean-François et Astrid se réchauffent au soleil, je fais un tour à la cathédrale qui subit pas mal de travaux de réfection. Quand on voit l’assemblage de pierres très différentes dans ces hauts murs on comprend les besoins de consolidation.

La sortie de la ville s’est effectuée tranquillement et vite, petite ville, sous le salut des legos géants dessinés sur une façade de maison. Les champs de vignes succèdent aux champs de vignes, le soleil aidant les abeilles butinent de concert sur toutes les plantes possibles. Le bruit des insectes volants aujourd’hui a été impressionnant, alors que les jours précédents on ne les entendait presque pas.

Malgré ce réchauffement bienvenu enfin, les chemins sont encore bien humides et peu praticables : battons indispensables toujours. Du coup vers midi le premier carré d’herbe sèche a fait l’affaire à l’ombre d’un grand arbre pour me poser et déjeuner de ce bon sandwich accompagné d’une pomme. L’état des chaussures révèle la difficulté de marcher «  proprement » en ce moment.

J’ai ensuite été rejoint par Karine, absente des photos car repartie rapidement, puis Astrid et Suzanne, qui passent le bonjour à Thierry, compagnon de chambrée si je puis dire. Et enfin Jean-François et Astrid. Après un moment de sieste rapide je me suis mis en quête de faire une photo d’abeille sur une fleur. Ayant rampé sans qu’ils comprennent ce que je faisais j’ai réussi cette image par chance, mais très content du résultat !!!

Au moment de quitter le restaurant nature que nous avions choisi nous avons fait le selfi de circonstance tous les 5. Ce magnifique chêne est en fin de vie, immense ramure de ses branches sans plus aucun feuillage. Et puis arrivée enfin à Manciet, par ses arènes, mais point de corrida aussi, que des courses de vachettes. Le gîte «  le chemin enchantant » est face à l’église. Une petite étape de 19km, il est 15h on cherchera et trouvera avec Laurence et Sandrine ainsi que JF et Astrid un café ouvert pour nous pour une bonne bière désaltérante.

Au pays de l’Armagnac

Tout d’abord concernant la mention à rayer d’hier ce n’est aucune des deux car nous eûmes ce jour et du soleil et de la pluie … ça c’est validé. Autre point validé : l’accueil du gîte la ferme du taulet. Je vous laisse découvrir la vidéo promotionnelle d’Alain qui exploite sa ferme. Allez directement à la minute 7’, vous découvrirez le personnage, il a 67 ans désormais, est à la retraite mais continue d’exploiter, sauf qu’au lieu d’y passer +70h par semaine il n’en fait plus que 40. 😜

Je vous partage en vrac l’accueil dégustation apéritif qu’il nous a fait à 19h30 avant le dîner. C’est presque inhabituel car le dîner dans les gîtes a lieu plutôt à 19h. Nous avons testé le Flosc de Gascogne, rouge puis blanc et pour finir un armagnac 11 ans d’âge, 57 degrés. Laurent a repéré un jambon en fin de maturation accroché au plafond … Alain ne jure que par les pèlerins du chemin qui viennent aussi faire les vendanges (je vous renvoie à la vidéo). D’ailleurs Jean-Pierre, routier retraité de la région Nantaise, a pris rendez-vous pour les prochaines …

Bien sûr on a tous pensé à la fameuse scène des bronzés …

Nous avons enchaîné par un dîner dans la maison de Alain et Martine, partagé avec eux. Qui s’est achevé sur un gâteau arrosé de vieil armagnac, la grande bouteille de 3L aux armes de Alain Carrére AC sa marque. Sophie a bien apprécié le gâteau tout comme Jean-Pierre et tous les autres.

Et Alain nous avait dit en pratique bio les alcools même forts se supportent très bien et le lendemain on est frais. Ce qui donne mal à la tête se sont les sulfites. Je ne sais pas si c’est vrai mais en tout cas on a tous bien dormi, et en forme pour le départ. Ciel « encourageant«  malgré un front bien large on avisera plus tard sur l’évolution de la météo. Pour l’instant les rivières sont gonflées et chargées de boue.

Tout en continuant la mise à jour de l’album floral et animal de cette ballade vers St Jean-Pied-de-Port, mon oreille est attiré par le bruit d’avion militaire en altitude. La formation et la direction me font penser que Xi Xing Ping avec E. Macron se déplace vers les Pyrénées (je suis un peu les infos).

Concernant le centre de déformatage, j’ai fait une petite recherche : ils proposent des stages de communication non violente (empathie, apprendre à dire non, …). Je vous laisse rechercher et découvrir … Quant à machin indiqué sur la panneau je n’ai pas trouvé à quel truc cela faisait référence…

Tout cela m’amène vers 11h et 13km à Montréal … du Gers, hein pas au Canada quand même … j’ai un bon rythme mais pas à cet point ! La fleur jaune et rouge est un « tison de satan », bien nommé vues la couleur et la forme ! Quant au « rince quenottes» annoncé sur la barrique à l’entrée de la ville il est conseillé de ne pas laisser les dents du fond tremper longtemps avec, sinon elles tombent …

Je fais la halte déjeuner à Montréal du Gers, j’y retrouve les deux copines de Thierry, Astrid et Suzanne, elles te passent le bonjour d’ailleurs et espèrent te revoir. Accélère disent elles 😄. Une averse se met à tomber fortement, je prends mon temps et discutons tous les trois. Une fois le ciel plus clément je repars, le gîte de destination est à 8km, l’affaire de 2 petites heures.

Jusqu’à présent les chemins avaient été à peu près praticables, ce sera moins le cas ensuite. D’abord un petit bout de bitume partagé avec les vélos sur une voie verte très agréable. En sortant de la couverture des arbres je retrouve des champs de vigne de plus en plus grands, avec un ciel encore plus chargé que jamais.

Il y a sur le parcours de superbes jardins très fleuris, de bons amateurs de plantation et d’entretien, je leur tire mon chapeau parce que ce n’est pas mon passe temps préféré. J’arrive finalement au « mille bornes » le gîte de ce soir. J’y retrouverai plus tard Astrid et Suzanne qui arriveront et attendront leur responsable de gite hors chemin venu les chercher en voiture. Ainsi que Astrid et Jean-François rencontrés il y a quatre jours et croisés à nouveau samedi lorsqu’ils cherchaient un gîte de remplacement. Et enfin Carla qui partageait la chambre du gîte à La Romieu. Bref on se croise et se décroise sur ce chemin sans arrêt. Une fois posé, douché et lessive faite la pluie s’est mise à tomber d’un coup en mode intense … demain Soleil ??? Je m’adresserai à Mme Irma et plus Mme Météo …

La pluie est au rendez vous

La météo le disait il y aurait du soleil / de la pluie aujourd’hui (rayez les mentions inutiles). Et en effet il / elle était bien là toute la journée, même si vers 17h le ciel s’est assombri / illuminé et qu’une ondée / éclaircie est passée (rayez encore les mentions inutiles).

Hier soir vers 18h ciel noir, pluie à verse et coups de tonnerre … j’annule le resto réservé à 800m de là : pas envie de finir en serpillère à deux pattes. Du coup je me félicite des courses faites à Lectoure : sardines à l’huile, raviolis, pomme !! Dîner simple rapide excellent !!! En tête à tête avec moi même. De toute façon hier soir je partageais la chambre avec une américaine Carla du wisconsin qui a passé son temps au téléphone, et à côté deux belges flamandes (pour elles il n’y a que des belges…). Néanmoins Marlène et Sophie, sa belle fille, ne parlant que peu le français le dîner seul fut très bien. D’autant que j’appris au petit déjeuner que malheureusement le fils de Marlène est décédé en décembre dernier, et bien qu’il était séparé de Sophie avant elles sont restées très proches.

Déception sur ce gîte, la première significative. Estelle qui le tient vient d’ouvrir en 2024 mais je pense qu’elle n’a pas l’expérience du pèlerin. Pas de prises multiple en chambre pour recharger, 2 rouleaux de PQ pour 6 personnes, donc pénurie le matin, heureusement un pèlerin avait son stock. Et une baguette au petit dej pour 6 encore … elle n’a jamais marché, avec 2500 calories dépensées, c’est peu à manger. La boulangerie étant presque attenante je suis allé en chercher une autre. Elle loue ses chambres en complément de revenu, le chemin devient très touristique. Cette semaine tout est plein, beaucoup ont du mal à réserver, c’est le rush !

Pour en revenir à la journée la dernière photo annonce la couleur : avec toute la pluie de la nuit les chemins sont de nouveau détrempés.

L’étape comportait 3 parties : de La Romieu à Castelnau sur l’Auvignon, puis Condom et Larressingle. Premier bout court de 3 km vers Castelnau, et déjà les pieds tout crottés. Petit village sympa : ses fleurs, son église, son escargot … et voilà en sortant du village qu’il se met à pleuvoir : je hisse la cape et ne la quitterai plus.

Toujours de belles bâtisses dans cette région, avec vue imprenable sur des champs immenses. Un coin où il doit faire bon vivre à condition d’aimer être un peu loin de tout …

Ensuite direction Condom, 12km dans des conditions difficiles. Les pieds ne sont jamais stables, glissades assurées, les deux bâtons sont indispensables, éviter à tout prix de tomber. Voilà un petit aperçu des types de chemins parcourus. Devrais-je dire patinés ??? On a dû passer des petits rus grossis par l’eau en prenant garde de ne pas y tomber un pied. Le bas des champs ressemblaient à des baignoires : choisir la bonne trajectoire est essentiel. Je valide que mes chaussures sont excellentes : malgré un pied qui s’est enfoncé dans ce que je pensais être une motte «  solide », mon pied a disparu sous l’eau. Recommendation : chaussure montante à la cheville, laçage serré mais pas trop, cuir étanche et protégé. Résultat les pieds sont au sec ce soir !! Mais cela a été chaud, et fatiguant de fournir les efforts de maintien en équilibre. Ma maîtrise du patin à glace a dû m’aider dans ce domaine.

En tout cas c’est la fête pour les grenouilles !

Finalement arrivé à Condom sous l’eau encore, mais pas la tête à visiter. Juste un petit tour à la cathédrale, puis un perrier citron au café en face. D’autant plus qu’ils sont en train de préparer les fêtes votives pour le week end prochain : les bandas. Autant dire que les pèlerins qui y passeront auront intérêt à se sauver, 50000 personnes attendues. Sûrement plus un gîte de disponible. Les mousquetaires en sont restés de «  marbre ».

Peu après 13h les nuages s’estompent un tout petit peu… les vignes sont de plus en plus présentes sur ce chemin de compostelle. Et me voici rendu à destination à la ferme du Taullet. J’espère que le dîner sera à la hauteur des espérances données par leur pancarte d’accueil ☺️.

L’endroit est très bucolique et typique. Rien de tel que de pouvoir se masser les pieds à L’Akileïne Relax avec une petite bière, au soleil, après la lessive et la douche, en regardant les ânes paitre tranquillement. Demain soleil / pluie à volonté !! (Rayez la mention inutile).

Soleil au rendez vous !

La météo le disait il y aurait du soleil aujourd’hui. Et en effet il était bien là toute la journée, même si vers 17h le ciel s’est assombri et qu’une ondée est passée. Le ciel est superbe, la vue du haut de Lectoure englobe toute la vallée et Angélique m’accompagne à la limite de la ville avant de remonter avec la malle postale (service de transport de bagages et de personnes) vers Conques et son véhicule. Je m’engage ensuite sur la route d’Artagnan, tout un programme.

A vrai dire les 6 premiers km sont un peu lassants, sur une départementale. Définitivement je n’aime pas le bitume … Les champs sont de plus en plus grands, j’en conclus que les remembrements ont fait disparaitre nombre de chemins. Il faut s’y faire. Ce qui n’enlève rien au charme des paysages et couleurs des végétaux en cette période pré estivale.

Heureusement à l’approche du petit village de Marsolan on retrouve des chemins de terre. Petit tour par l’église qui est assez grande malgré la taille du village. Une épicerie bar est ouverte ce matin, j’en profite pour un café. J’y retrouve Gary, Céline et Emmy. On se croise tous les jours !! Et je les reverrai à La Romieu, destination finale.

Moment de calme dans cette église dans laquelle une musique est diffusée. J’avoue que c’est très reposant et énergisant pour repartir ensuite. Surtout que pendant que je prenais le café tranquillement un groupe de 4 à coté jugeait utile de partager leur conversation et humour avec toute la place ….

La suite est beaucoup plus sympa car les chemins passaient des champs aux bois et ainsi de suite. Le ciel était juste parsemé de quelques bandes nuageuses. La température commence à remonter, une bonne suée cette matinée donc. Au loin ce que je croyais être La Romieu est en fait Castelnau sur l’Auvignon, que je traverserai demain car le chemin fait une boucle. On voit que le climat change et cela est perceptible par les évolutions de culture : ici un champ de jeunes oliviers qui devront donner leurs fruits quand les températures auront grimpé.

Vers midi je trouve un coin d’herbes hautes dans un chemin un peu à l’écart du passage des pèlerins. Il faut dire que nous sommes dimanche, beaucoup de marcheurs ont repris une marche entamée l’an passé et stoppée à Lectoure, avec la semaine de ponts du 8 mai. Du coup beaucoup de monde au départ ce matin. Ils passent et je mange mon sandwich «  jambon de pays – crudités (carottes & salade) » tout en délassant les orteils !!! Ça c’est agréable …

Il y a ici en bord de chemin et de champs de superbes demeures, dans un paysage de tranquillité totale. Aux abords de La Romieu qui n’est plus qu’à 4 ou 5km après la pause déjeuner, on passe le long d’une exploitation de prunier qui fait du pruneau (Agen est à quelques encablures) : des alignements d’arbres vont pouvoir alimenter les centaines de cageots en plastique qui attendent sous les hangars.

En passant le long des arbres fruitiers j’entendais le bourdonnement distinct des centaines de milliers d’abeilles qui butinent et polinisent les fruitiers et les fleurs. A l’approche de la collégiale que l’on voit de loin, majestueuse, il y a un parc floral superbe, mais fermé ce dimanche.

Une curiosité à l’entrée de la ville : cet arbre «  collégial » qui est en fait un lieu de repos pour les pèlerins. Sur le plateau chacune des 4 boites est une chambre individuelle avec porte coulissante. Étonnant, et utilisé d’après les locaux.

Finalement l’arrivée sera assez tôt aujourd’hui, 14h15 pour 19km environ. Du coup petit passage par la collégiale, ouverture à 15h. Je file donc au café encore ouvert, grande bière. Je retrouve comme déjà dit les belges Gary, Céline et Emmy qui a opté pour une glace.

Une curiosité de la ville est la collection de chats sculptés en pierre, don d’un artiste local, son nom est sur la dernière photo. Et les chats ont été postés un peu partout dans les ruelles : original. Demain je croise les doigts pour que le temps se maintienne. En attendant je vais préparer mon dîner, car pas de demi pension, et la pluie qui risque de tomber ce soir ne me donne pas envie de sortir. Ce sera raviolis !!! Hummmmm 😂

Journée bof bof …

Le temps a été bof bof, le parcours était bof bof, donc pas grand chose d’extraordinaire à raconter ce soir. Juste des épisodes de rencontres et c’est aussi important surement que l’environnement.

Ce matin départ avec une annonce de pluies éparses : en langage météo cela signifie il va pleuvoir on ne sait pas où, ni combien de temps ni avec quelle intensité. Résultat il a plut de temps en temps un peu partout pas trop fort. Du coup j’ai hésité 1 ou 2 fois à sortir la cape, je ne l’ai pas fait. Et la seule fois où je l’ai sortie en fin d’après midi, je l’ai aussitôt repliée et rangée. Donc température moyenne de 13 degrés, et en tee shirt tout le temps ! Peu après la mise en route j’ai eu droit à un café et une part de gâteau, 1€50 une dépense folle !!

J’ai continué ma série de photos d’escargots avec celui-ci s’entraînant à mettre la tête en bas, les pieds aux murs : facile d’ailleurs ! En avançant sur le chemin j’ai découvert les Pyrénées au loin sous le soleil, je commence à être bien sud donc.

Outre les escargots j’ai croisé des limaces ce matin, et toujours ces fleurs de champs.

Du coup ce qui retiendra mon attention cette journée ce sont deux rencontres : la première avec Valérie et Nathalie qui marchent et que je rejoins. Valérie se plaint de son sac : mal ajusté elle pense qu’il ne va pas. Du coup mon expérience de presque 1000km en portant le mien m’oblige à leur expliquer quelques fondamentaux que l’on m’a transmis et que j’ai validé : on remet les bretelles aux bonnes longueurs, je lui explique le principe du porté sur les hanches, le rôle des bretelles qui maintiennent mais ne soutiennent pas, sinon ouille les épaules. Bref on ajuste et c’est bien mieux déjà. Sur le chemin il ne faut pas hésiter à demander de l’aide.

La seconde mésaventure est avec Astrid et Jean-François, rencontrés chez Agnès il y a deux jours. Je les retrouve au moment du sandwich, on échange sur le gîte du jour, nous sommes au même !! Je leur demande si ils ont reçu le mail d’Isabel, ne faisant pas demi pension elle conseille des restos. Point de sms d’Isabel pour Astrid. Petit moment de panique … en fait leur résa n’a pas été confirmée … gloups et il y a du monde ce soir. Finalement après quelques coups de fil avec nos miam miam dodo (bible du pèlerin et non une race d’oiseau en extinction …) ils trouvent une chambre.

Voilà mes petites aventures du jour. Et faute de réseau hier, il faudra que j’en parle à Thierry 😉😂, je ne peux finir ce mot que ce matin sur un banc au pied des remparts de Lectoure.

Je finis avec quelques images de l’arrivée hier soir. La glace était la bienvenue, pêches rouges et melon …, ainsi que le dîner avec Angélique et Christine. L’étape de 23km de sera bien passée.

Départ ce matin sous un ciel clément pour 19km vers La Romieu

Le soleil est de retour …

Et oui il est enfin là !!! Bon pas pour longtemps semble-t-il mais on s’en contente ce matin au départ de Malause, petite ville coincée le long de la Garonne et de son canal latéral. Le programme sera 5/6 km le long de celui-ci, puis virage à gauche direction Auvillar, Bardigues, St Antoine et la ferme de Villeneuve. Du coup la matinée est très bucolique, voici en images.

A Pommevic je traverse la Garonne, laisse sur ma droite les cheminées de la centrale de Golfech, dont les vapeurs d’eau se dégagent dans le ciel bien bleu en milieu de matinée. La marche le long du canal est très reposante, pas besoin de repérer où poser pied afin d’éviter une glissade ou une cheville tordue, cela laisse le temps à l’observation, la réflexion.

Ensuite une petite marche en bord de route très peu fréquentée va m’amener vers le déjeuner ; je traverse Espalais, petit café à l’ESAT en entrant dans le village, son église puis un beau marcheur de bronze trône à la sortie. Auvillar ensuite et sa belle halle aux grains au centre du village.

Un panneau indicateur m’informe que je ne suis pas très loin de Montauban. D’aucuns vous diraient «  on ne devrait jamais quitter Montauban » …

Dédié à Laurent

Après Auvillar je trouve en bord de chemin une table et quatre chaises à l’invitation d’un riverain compatissant pour les pèlerins. Le lieu fera mon restaurant et le menu sera sandwich jambon fromage, pomme et gâteau basque : le premier gâteau en 3 semaines !!!

Une fois le repos bien pris, compter 45mn, je relace les souliers et c’est parti pour 6km avant St Antoine. Petite abeille et fleurs sont de la partie, toujours sous un ciel bleu mais les nuages s’y accumulent doucement. La seule partie boisée de la journée sera au moment de quitter le Tarn et Garonne pour entrer dans le Gers. D’ailleurs ce soir c’est Cassoulet …

Les paysages changent très vite, les champs s’agrandissent. Ils sont semés. Cette phrase de St Exupéry vient à point nommé pour nous rappeler de prendre soin de ce qui ne nous appartient pas finalement…

Et voici St Antoine qui pointe le clocher de son église, accompagné d’un profil de godasse bien marrant le long d’un mur juste avant. Petit tour à l’église. Un dernier papillon cet après midi et les 20km du jour sont bouclés. Y aura-t-il du soleil demain ? Je verrai bien. Mes nuits en gîte sont réservées depuis ce soir jusqu’au 17.5, bientôt l’arrivée à Saint Jean Pied De Port … déjà 450km. Allez bonne nuit !

Rares averses ou rares éclaircies ?

En ce début de quatrième semaine on peut se poser la question … déjà posée lundi d’ailleurs (publiée mardi), et nous avions constaté qu’il n’y avait eu qu’une rare averse longue de 5 heures. Mardi et mercredi nous avons surtout pataugé dans la boue en essuyant de bonnes ondées. Aujourd’hui régime amélioré, rares éclaircies et pas de chemins glissants. Au départ du gite du colibri des Espis, spatieux et agréable, je quitte le chien en lui lançant une dernière fois la balle (il ne se lasse pas du tout !!), après une petite frayeur. Au moment de récupérer bâtons et cape, éléments tous deux indispensables, plus de cape avec les bâtons. Petit moment de panique … un pèlerin a du la prendre par mégarde, par contre il n’en reste pas dans le hall. Inquiétude vu le ciel ! Et puis on retrouve dehors une cape déposée la veille sans doute. Il a du oublier qu’il l’y avait laissée. Je la récupère on verra bien …

Pas de pluie à l’instant du départ mais au cours des 5km pour rejoindre Moissac j’ai eu le loisir de tester cette cape 2 ou 3 fois, elle va bien. Je n’ai pas traîné longtemps dans la ville.

Un tour à l’abbaye St Pierre de moissac qui est immense. Puis je profite des rayons de soleil pour emprunter le chemin de halage sur le canal latéral à la Garonne. Pieds au sec sur le bitume, pas top pour la plante des pieds mais au moins je ne patauge pas.

Là Garonne juste à coté est tumultueuse, marron et son débit gonflé par les eaux récentes. Je profite d’une écluse au soleil et d’un platane pour m’installer confortablement et déjeuner. J’ai parcouru 12km à midi, il en reste 5, j’en profite. Une péniche de cruising pour touristes approche, j’observe le mouvement des eaux entre canal et écluse : le débit de vidage est énorme. En moins de 10 minutes la péniche est au niveau aval du canal et peut repartir.

Ce sera alors mon tour moi aussi, et je fais bien car quelques centaines de mètres plus loin un coup de vent s’abat accompagné de trombes d’eau, je me protège des larges troncs de platanes pour rester à peu près sec avec la cape. 15 minutes plus tard c’est fini.

L’étape aura été de courte durée, un dénivelé horizontal, les pieds au sec. Je capte le passage d’un train au passage à niveau, arrivée sous le soleil. Ce soir le gîte s’appelle « la dilettante » … tout un programme …. A demain.

Mêmes causes mêmes effets

Eh oui il pleut encore. Le matin est trompeur : ciel très très bas, brume sur les cimes des arbres, Lauzerte est endormie au moment du départ vers 8h15 … je quitte un gîte où nous avons été reçus chez Serge comme jamais, avec un repas simple et excellent.

Sur la route après avoir retrouvé Thierry et Angélique, peu de nouveautés : la pluie va se rappeler à nous dans la matinée, bonjour les escargots. Et les chemins boueux à souhait vont effacer les efforts pour rester présentable le matin. Une superbe petite église d’un style roman dépouillé avec un christ en bois très «  moderne » sont la touche monument du jour. Ainsi qu’un vieux pigeonnier sur pilotis.

Une nouvelle race de vaches (qui connaît ?), des champs cultivés : on change de région. Bienvenu en tarn et garonne, pays des vergers fruitiers. L’annonce du « soleil levant «  et de « l’aube nouvelle » me semble infondée car de soleil point, quant à l’aube nouvelle … ce jour est identique au précédent.

Dernier repas tous les trois réunis, le chemin fait et défait les amitiés de quelques jours qui resteront profondément ancrées en nous. Une photo des escargots réunis et Thierry se dirige vers son gîte. Je continue avec Angélique.

La pluie battante laisse toutefois découvrir de jolis cadres floraux … pas moi bien sûr !! 😂😂😂. Vous pouvez juger visuellement de l’état des chemins, pas vraiment pratiquables, mais c’est peu au regard de l’expérience : sentiment d’être en mission militaire en Guyane (j’exagère …). Puis Angélique va filer sur Moissac alors que j’atteins mon point de chute pour ce soir. On se reverra peut être à Lectoure samedi.

Sacrée journée … a suivre ….

Post humide

Pour dire les choses on a, j’ai, payé aujourd’hui les efforts d’hier. Après une marche vigoureuse sous la pluie tenue dans un temps équivalent à du sec, on est tous arrivés trempés jusqu’à la moelle. La douche et le séchage étaient salutaires après 4 à 5h sous une pluie permanente. Du coup ce matin départ un peu laborieux, encore humide car tout n’est pas totalement sec … une polaire humide c’est du froid lourd !!!

Du coup pas trop la pêche pour un article trop long, et ce soir cloture des 3 semaines, mi parcours donc au moins !

Je vous partage des photos, si besoin d’explication n’hésitez pas je commenterai.